Grand raout pour mini box. Xavier Niel, le patron d'Iliad, la maison mère de l'opérateur Free, a présenté mardi 10 mars sa nouvelle box d'entrée de gamme afin de remplacer la Freebox Crystal. Il avait convoqué, la veille, les journalistes avec un mystérieux carton d'invitation pour une annonce surprise. Une manière de faire très "Applesque".

Mais au lendemain de la grand messe du géant américain qui a repensé le concept de luxe technologique avec ses montres connectées à 17 000 euros, le contraste avec le coup de la mini-box Free pour avoir internet à la maison au prix de 29,90 euros est saisissant.

4K pour qui ?

Bon, certes, la Freebox mini 4K n'est pas uniquement un boîtier cinq fois plus petit que le modèle qu'elle remplace. Il y a également la possibilité de voir les programmes (compatibles) en ultra-très-haute définition sur les téléviseurs 4K. Il s'agit de cette technologie qui permet, en théorie, d'avoir des images quatre fois plus précises et détaillées à l'écran qu'avec la haute définition actuelle.

C'est bien beau mais ne concerne, actuellement, qu'une minorité de Français ayant le budget pour se payer le luxe d'un tel téléviseur alors que les contenus 4K ne sont pas encore nombreux. D'où un premier problème : cette box se veut la nouvelle référence pour le marché de l'entrée de gamme (donc pour ceux qui veulent faire des économies) mais sa principale innovation n'est intéressante que pour les heureux (et plutôt aisés) détenteurs d'une télé dernier cri. L'argument de vente premier de cette box risque donc de faire pschitt auprès du public visé par les boîtiers d'entrée de gamme.

Heureusement pour ceux qui ne veulent pas mettre environ 2000 euros dans un téléviseur il y a Google. Car la Freebox mini 4K est "la première box au monde qui n'est pas construite par Google à intégrer Android TV", s'est félicité Xavier Niel sur scène. Android TV est la déclinaison pour téléviseur du célèbre système d'exploitation du géant américain de l'Internet pour smartphone. La Freebox mini 4K permettra donc d'avoir accès aux applications du "Play store" de Google et à son offre de VOD.

Virage à 180°

Xavier Niel semblait très fier, lors de sa présentation, de son partenariat avec Google. Il a remercié, à plusieurs reprises, le groupe américain. Des courbettes étonnantes pour qui a un peu de mémoire. En octobre 2014, Maxime Lombardini, directeur général d'Iliad, déclarait : "Android sur les box, c’est donner accès à nos box à Google. Demain quand on aura un parc Android sur la France entière, ce sera Google qui depuis Mountain View pourra décider de la VOD qui sera distribuée".

Qu'est-ce qui a changé en six mois ? Pas grand chose. La déclaration de Maxime Lombardini n'a rien perdu de sa pertinence pour ceux qui s'inquiètent de l'emprise de Google sur la vie numérique sous toutes ses formes.

Une chose, cependant, a évolué. Xavier Niel sait que pour des raisons politiques et économiques, il peut de moins en moins taper dans la fourmilière tarifaire pour se différencier. Il lui faut donc trouver de nouveaux arguments pour continuer à présenter le visage de l'opérateur innovant. Quitte à pactiser avec Google et donner l'impression de renier ses principes d'hier.