Réalité virtuelle, oh réalité virtuelle, dis moi que je suis le plus fort. À l'E3 (Electronic Entertainment Expo) de Los Angeles cette technologie risque d'être omniprésente et chacun voudra démontrer qu'il sait mieux en tirer profit que son voisin. Elle a d'ailleurs commencé à se mettre en avant alors que le grand raout estival du jeu vidéo n'a même pas encore démarré.

C'est Oculus, la société rachetée par Facebook en 2014 pour deux milliards de dollars, qui a présenté la version commerciale de son casque de réalité virtuelle jeudi 11 juin. L'Oculus Rift devrait être disponible à partir du premier trimestre 2016. Surtout, il sera vendu avec une manette Xbox One et permettra de jouer à des jeux disponibles sur son PC.


"Zombification"

Un partenariat entre la star de la réalité virtuelle et Microsoft ? Sony n'a qu'à bien se tenir avec son casque Morpheus, dont on attend encore de voir ce qu'il a dans le ventre. Nul doute cependant que le constructeur japonais de la Playstation ne va pas se laisser marcher sur les pieds virtuels. Le grand show, lundi 15 juin, devrait être pour Sony l'occasion de répondre à la bergère Microsoft.

Et les deux gros mastodontes du secteur (Nintendo, de son côté, devrait continuer à faire bande à part) ne seront pas les seuls à dérouler le tapis rouge à cette technologie prometteuse pour l'immersion des joueurs. Un certain éditeur français pourrait très bien avoir des surprises en stock, tandis que les responsables de la communication du salon n'hésitent pas à bombarder le journaliste lambda d'annonces relatives à des "innovations majeures" et forcément bouleversantes dans le domaine de la réalité virtuelle.

On l'aura compris, la réalité virtuelle devrait s'immiscer dans toutes les allées du salon. Il y a fort à parier que faire 15 mètres sans tomber sur un visiteur en pleine "zombification" pour cause de test de casque relève de la gageure. Ces énergumènes ont, souvent, les bras tendus vers l'avant, la tête qui tourne, lentement mais sûrement, dans tous les sens. Il ne leur reste plus qu'à répéter "cerveaux, cerveaux" pour qu'on se croie dans un film de Georges Romero.

La réalité virtuelle, mais encore ?

La réalité virtuelle a assurément un énorme potentiel, notamment dans le secteur du jeu vidéo. La vidéo de présentation d'Oculus qui "plonge" le spectateur dans une bataille spatiale ne manquait pas d'intérêt. L'immersion et la possibilité de jouer sans déranger (sauf visuellement) le reste de la maisonnée ont de quoi séduire.

Mais cette omniprésence annoncée de la technologie n'est pas anodine. L'Oculus Rift n'a pas connu de bouleversement majeure (sauf le design et encore) depuis l'an dernier. Il n'y a pas encore de grands titres qui tirent profits des avantages de la réalité virtuelle.

Le fait que tout le monde cherche sa réalité virtuelle permet, en fait, de pallier à deux choses : l'absence probable d'annonces de nouvelle console et le conservatisme de plus en plus affirmé des grands éditeurs qui enchaînent les suites (Call of Duty, Assassin's Creed, Halo etc.) comme les Grecs les négociations sur leur dette publique. Ces jeux ne sont pas forcément mauvais mais ils excitent de moins en moins l'imaginaire des joueurs. Au moins la réalité virtuelle fait elle encore rêver.