Google Reader : chronique d'une mort annoncée et contestée
Google Reader ne passera pas l'été 2013. L'acte de décès du célèbre service qui permet d'organiser ses sources d'information et de s'abonner aux flux des articles publiés sur un site ou un blog a été signé mercredi par Google. Le géant de l'Internet débranchera Google Reader le 1er juillet 2013.
Une décision motivée par "une baisse continue de la fréquentation" du site d'après Urs Hölzle, vice-président pour les infrastructures technologiques chez Google. C'est peut-être vrai auprès du grand public. Mais à lire les réactions révoltées d'internautes sur Twitter où s'est organisé un mouvement de défense de cette espèce en voie de disparition sous le hashtag (mot clé) #savegooglereader, le service conserve en tout cas une base de fans très fidèles.
Le problème pour Google est que les opposants à cette décision de fermer Google Reader se recrutent parmi quelques uns des plus influents blogueurs et journalistes spécialisées dans les nouvelles technologies. Pour les Pete Cashmore (fondateur du populaire site américain sur les médias sociaux Mashable) ou Scott Stein (l'un des principaux contributeurs au site spécialisé dans les nouvelles technologies Cnet), Google Reader était en effet, depuis sa création en 2005, l'un des meilleurs moyens pour rester informé.
Il est probable que Google fasse profil bas en attendant que l'orage passe et qu'il ne reviendra pas sur sa décision malgré la polémique. La fermeture de Google Reader était, de toute façon, attendue depuis le lancement de Google +, le réseau social du géant de l'Internet. C'est une question de priorité. Larry Page, le pdg de Google, a engagé depuis sa prise de pouvoir en avril 2011 un vaste mouvement pour recentrer les activités de son groupe autour des quelques services qui génèrent le plus de publicité (la recherche, Google + ou encore Android, son système d'exploitation pour smartphones).
Google ne veut pas laisser le contrôle aux internautes
Google Reader, où les pubs sont quasiment absentes, ne rentre clairement pas dans ce schéma. En outre, la technologie à la base de se service, le RSS (Really Simple Syndication) semble de plus en plus désuète dans un monde dominé par tout ce qui est web social. Elle a été créée à la fin des années 90 pour pouvoir facilement agréger sur un seul site et lire sous un même format des articles venus de plusieurs sources.
Mais, en fait, cette décision en dit surtout long sur la manière dont Google conçoit sa raison d'être. Officiellement, la mission que le géant de l'Internet s'est assigné est "d'organiser l'information" sur la Toile. A première vue, Google Reader correspond parfaitement à cette définition. Il en serait même la quintescence puisque le but de ce site est justement de permettre de trier les sources d'information et de les regrouper en un seul lieu.
Google se serait donc trahi en décidant de décapiter son service d'agregation de flux RSS ? Pas tant que ça en fait. Google Reader permettait à l'internaute de faire son tri. Ce que le géant de l'Internet veut réellement, c'est choisir lui-même ce qui pourrait intéresser ceux qui utilisent ses services. Google News ? Un algorithme plus ou moins obscur hiérarchise les articles. Google search ? Il y a encore un algorithme - souvent critiqué, jamais égalé - à la barre.
En tuant Reader, Google enlève à l'internaute l'un des rares services où il était le maître à bord et pouvait imposer sa cyber-volonté au moteur de recherche et pas l'inverse. Et sans contrôle, le géant de l'Internet peut difficilement monétiser un service. Heureusement pour les fans de RSS, il existe encore des alternatives comme Feedly, NewsBlur, Pulse ou encore Netvibes. Et peut-être qu'au final, la mort de Google Reader - qui a dominé pendant sept ans le paysage des agrégateurs RSS - permettra aux alternatives de redonner une deuxième jeunesse à cette technologie qui avait peu ou pas évoluée ces dernières années, comme le souligne le version française du site d'informations Slate.
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