Et si Google tuait Wikipedia ?

A priori c'est tout bénéfice pour l'internaute hexagonal. Google a profité de la conférence francilienne LeWeb'12 pour annoncer qu'il allait lancer en France son nouvel algorithme, et la nouvelle formule de son moteur de recherche qui inclut son "knowledge graph" ("graphe de la connaissance"). Une révolution "googlesque" qui est déjà en marche aux États-Unis depuis mai 2012.

 

Ce concept barbare désigne en fait une évolution de la fonction même de la page google.com.  Dorénavant, elle doit apporter plus que des simples liens. Les résultats proposent directement des réponses aux questions que l'internaute est censé, d'après le nouvel algorithme de Google, se poser lorsqu'il tape une requête.

 

 

 

 

 

 

Ainsi, par exemple, si une personne cherche des informations sur France 24 dans Google, la nouvelle page affichera sur la droite un cadre qui indique la localisation de la chaîne d'informations en continu sur Google Maps, donne un extrait des informations de l'article sur Wikipedia consacré à France 24 ou encore des billets publiés sur Google + - le réseau social du moteur de recherche - qui font référence à la production de la chaîne.

 

 

Saut de puce dans le cybervoyage

 

Pour un restaurant, ce "knowledge graph" pourra aller chercher et afficher les avis soumis sur le site consacré aux restaurants Zagat (propriété de Google). Enfin parce que Google devient de plus en plus malin, ces resultats enrichis proposeront également des "recherches associées" qui pourraient intéresser l'internaute. Le site pourrait ainsi proposer d'en savoir plus sur le Champs de Mars si on a fait une recherche sur la Tour Eiffel ou encore une requête sur Montmartre pourrait, dans l'absolu, aboutir à une "recherche associée" portant sur l'artiste Toulouse-Lautrec.

 

Autant d'information qui seront ajoutées au fur et à mesure du déploiement de ce nouveau "knowledge graph". Pour l'heure, il n'en est qu'à ses premiers balbutiements. Mais l'idée de cette nouveauté est claire : l'internaute doit avoir de moins en moins de raisons d'aller chercher ailleurs ce qu'il peut trouver directement sur Google.

 

Le célèbre moteur de recherche souffre, en effet, d'un défaut majeur : les internautes ne restent pas sur la page de résultats. Ils s'agit tout au plus d'un saut de puce dans leur cybervoyage. Un défaut et surtout un grave handicap par rapport à Facebook et son "social graph". Les internautes passent du temps sur le célèbre réseau social parce qu'ils y trouvent directement des informations et du contenu et pas uniquement des liens. Et le temps passé, c'est de l'argent pour les publicitaires.

 

Siphoner Wikipedia ?

 

Au final, si Google veut satisfaire l'utilisateur, il veut tout autant rendre heureux les publicitaires qui lui apportent plus de 80% de ses revenus.

 

Cette offensive pour garder l'internaute dans son jardin ne va pas se réaliser sans dommages collatéraux. Toutes les informations que le moteur de recherche affiche, ainsi, sur sa page de résultats sont puisées ailleurs. Les internautes auront donc moins de raisons d'aller voir cet ailleurs. Si une part importante provient de propriétés de Google (Maps, Zataz, Google +), il y a aussi des sites qui sont pensés pour partager librement leur contenu. Au plus grand bonheur de Google.

 

 

Ce n'est pas un hasard si Wikipedia figure ainsi d'entrée de jeu dans ces résultats "enrichis". La célèbre encyclopédie participative en ligne propose son contenu en libre accès. Google n'a qu'à siphoner ce puit numérique de connaissances (pas toujours très fiables, il est vrai). Mais si le moteur de recherche affiche directement les passages de Wikipedia correspondant à une requète, quel intérêt pour l'Internaute d'aller visiter l'encyclopédie en ligne ?

 

Il est encore trop tôt pour évaluer l'impact du "knowledge graph" sur l'audience de Wikipedia, mais l'entreprise de vampirisation pourrait faire très mal. Pour l'heure, la fondation Wikimedia (qui gère l'encyclopédie participative) a indiqué au site américain searchengineland (spécialisé dans les moteurs de recherche) que l'utilisation de ses données par Google "était acceptable". Mais il n'a pas voulu entrer dans le détail de l'impact en terme de visites sur le site.

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1 Comments
pas vrai

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