Microsoft veut que Windows 8 réponde à l'Apple

La date butoir approche. Windows 8 - et dans son sillage windows phone 8 - débute sa carrière commerciale le 26 octobre. C'est la dernière ligne droite pour Microsoft et les dirigeants du géant américain du logiciel doivent transpirer l'enthousiasme et répéter à l'envi les quelques idées directrices de cette révolution pour la vénérable maison de Redmond qui a dominé pendant plus de 20 ans le paysage informatique.

 

La conférence de presse de rentrée de Microsoft France, mardi 18 septembre, était à ce titre exemplaire. Pour la première fois depuis plusieurs années, les responsables qui se sont succédés sur scène n'ont insisté sur aucun chiffre. Rien sur le parc d'installation de windows 7, rien sur l'adoption de Bing par les Français, etc. Tout était dans le message. Alain Crozier, le tout nouveau président de Microsoft (depuis juillet 2012), n'a même pas évoqué la Surface, cette fameuse tablette windows 8 faite entièrement par Microsoft et dont on attend encore et toujours de connaître la disponibilité et le prix.

 

En revanche, les intervenants ont insisté sans relâche sur les deux grandes forces supposées du monde selon windows 8. Il doit être "interconnecté" - ce qui fonctionne sur un PC doit marcher sur un tablette ou un smartphone windows phone 8 - et bénéficier d'un "design" le plus épuré possible pour faire plaisir à l'utilisateur.

 

Révolution culturelle

 

En clair, Microsoft tente avec son nouveau système d'exploitation de réitérer l'exploit d'Apple et de son écosystème cohérent et visuellement agréable. Ce qui est bon pour iTunes et bon pour le Mac et pour iOS. La philosophie de Windows 8 est la même : derrière une jolie façade (et l'interface du dernier né de Microsoft est en effet une rupture graphiquement alléchante) Microsoft espère bien que l'utilisateur n'aura aucune raison de quitter son écosystème quelque soit le support utilisé.

 

Avec Hotmail... enfin Outlook (qui doit remplacer la web-messagerie de Microsoft), on peut savoir exactement ce que les contacts font "socialement" ailleurs sur le web. En lisant un livre sur tablette, il est possible de rechercher la définition d'un mot directement dans une application dictionnaire etc. Une interconnexion qui fonctionne même avec la Xbox 360 dont l'interface sera (encore) revue et corrigée pour signifier son intégration dans ce nouveau monde made in Microsoft.

 

La rupture graphique et d'interface n'est donc pas qu'un toilettage de printemps pour faire rentrer windows dans l'ère tactile (tout est pensé pour rendre inutile la souris), mais bel et bien une révolution culturelle. "C'est la plus importante vague de nouveautés de l'histoire de Microsoft", a assuré Alain Crozier. Pas faux. Jusqu'à présent Microsoft proposait un produit - son système d'exploitation - et invitait les développeurs à venir ajouter, comme autant de couche d'un mille feuille, leur programme à l'environnement windows. Une démarche qui transformait rapidement tout PC en une usine à gaz où les conflits de logiciels/périphériques étaient le lot quotidien de l'utilisateur.

 

Cette fois-ci le cahier des charges indique clairement qu'il faut respecter l'"expérience" de windows 8 afin de contribuer à un univers cohérent lorsqu'on crée une application. Une contrainte qui peut être une bénédiction pour les développeurs : ils n'auront plus à créer des versions différentes pour pc, tablette ou smartphone sous windows. Windows n'est plus tant un produit qu'un service...

 

L'OS coincé entre deux chaises

 

"Service", "expérience", "cohérence"... autant de termes qui renvoient à la sémantique d'Apple. Microsoft tente en fait de mettre en place à marche forcée une "windows touch" similaire à l'univers que la marque à la pomme a construit brique après byte depuis 10 ans et plus. Le géant de Redmond a les moyens humains et financiers pour rattraper ce retard, mais est-ce vraiment à ce wagon-là que Microsoft devrait essayer de se raccrocher ?

 

Si l'expérience iOS est quasi-unanimement reconnu comme étant la plus aboutie actuellement (à défaut d'être la plus avancée technologiquement), l'approche fermée d'Apple (tout est contrôlé depuis Cupertino) ne lui permet pas pour autant de dominer le marché. La solution "plus ouverte" d'Android à fait de Google, depuis début 2012, le roi des OS sur smartphones (bientôt aussi sur le marché des tablettes ?).

 

Microsoft fait donc du Apple au moment où le modèle du créateur des iPhone commence à montrer ses limites commerciales tout en restant largement profitable. Le géant de Redmond ne l'ignore pas puisqu'il permet, contre des royalties, à tout constructeur d'utiliser son windows pour faire un smartphone/tablette. Mais là où Android est hautement personnalisable et gratuit pour les Samsung, Sony et autres, windows 8 est - à l'image d'iOS d'Apple - beaucoup plus rigide. Pas sûr que si windows phone 8 peine à décoller rapidement les constructeurs continuent longtemps à soutenir un système d'exploitation qu'ils ne peuvent pas s'approprier.

 

Microsoft a donc un OS coincé entre deux chaises. Il veut créer une marque aussi unique, attrayante et cohérente qu'iOS tout en multipliant, à l'image d'Android, les partenariats avec d'autres constructeurs pour ne pas dépendre d'un seul smartphone ou d'une tablette qui se perdrait dans la masse. Un vrai numéro d'équilibriste où le consommateur peut applaudir à tout rompre à la fin si ça passe ou regretter qu'il n'y avait pas de filet de sécurité si ça casse...

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