IPhone 5 : risky business
Pas de révolution, mais une évolution : c'est l'avis quasi-général après l'annonce, mercredi, de l'iPhone 5. Ce n'est pas faux. Apple capitalise largement sur son smartphone star et au lieu de le bouleverser, améliore par petites touches une équipe qui gagne.
Une stratégie commercialement gagnante si on retient le précédent de l'iPhone 4S qui lui-même n'avait rien de révolutionnaire et pourtant s'est vendu comme des petits pains numériques. Mais cette analyse ne tient pas la route. En fait, Apple a pris, cette fois-ci, deux décisions lourdes de conséquences qui s'apparentent à des paris économiquement risqués.
1- L'écran. Certes, le passage d'un écran de 3,5 pouces (8,9 cm) à 4 pouces (10,8 cm) ne devrait pas bouleverser la perception que vont avoir du téléphone les dizaines, voire centaines de millions de personnes qui vont se procurer l'iPhone 5. Mais, cette nouvelle taille d'écran va forcer les centaines de milliers de développeurs à se remettre au travail pour adapter leurs applications à cette nouvelle donne. Sans ça, leurs applications vont apparaître avec des petites bandes noires sur les côtés, ce qui risque de ne pas être du plus bel effet.
Rien de dramatique en soi. N'empêche qu'Apple met ainsi un doigt dans l'engrenage de la fragmentation de son offre. En clair, les développeurs seront obligés de créer deux versions de leurs bébés : une pour les iPhone de l'ancienne génération (toujours en vente) et une autre pour le nouveau modèle.
C'est précisement le principal reproche fait au monde des smartphones Android : la multiplication des modèles obligent de faire une multitude de versions pour une seule et même application. Certes Apple n'a pour l'heure que deux tailles d'écran, mais ses responsables ne pourront plus pointer du doigt la fragmentation comme un mal 100% Android.
2 - Le nouveau connecteur. Il y a une raison pour laquelle Apple a attendu neuf ans avant de changer son connecteur. Il existe tout un écosystème d'accessoires qui reposent sur l'antédiluvien chargeur de l'iPhone. Ceux qui vont succomber aux sirènes du tout nouveau tout chaud smartphone made in Apple devront changer tout leur attirail... ou alors se procurer un adaptateur spécifique pour la modique somme de 29 dollars.
Certes, ce n'est pas la ruine pour qui est prêt à dépenser plusieurs centaines d'euros afin d'avoir son saint-Graal téléphonique. N'empêche que ce changement de connectique risque de laisser un goût amer dans la bouche des consommateurs. Pas sûr qu'ils n'auront pas l'impression qu'Apple et les constructeurs d'accessoires se font, à peu de frais, un peu d'argent de poche sur leur dos.
On pourrait rajouter que le passage à un smartphone compatible avec les réseaux mobiles très haut débit 4G LTE ne correspond pas à la philosophie Apple. La 4G est encore balbutiante, et carrément inexistante dans des pays comme la France (pas avant 2013). La marque à la pomme, généralement, attend qu'une technologie soit largement diffusée pour s'en emparer et la rendre sexy pour tous. Là encore, la 4G ne constitue pas vraiment un argument de vente qui va parler à grand monde.
En fait, l'iPhone 5 représente, en définitive, une victoire d'Android. C'est en effet sous la pression de la concurrence qu'Apple a décidé d'enfin aggrandir son écran ou de mettre de la 4G dans son iPhone, quitte à déboussoler la communauté des développeurs et même le sacro-saint consommateur.
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