Axis est arrivé sans crier gare. Yahoo a surpris son petit monde en dévoilant, mercredi soir, cet étrange outil hybride présenté comme un nouveau navigateur qui redéfinit la recherche sur l'Internet.

C'est à la fois vrai et faux. Il n'existe, en effet, pas un Axis, mais plusieurs. Ce nouveau produit est disponible comme application sur tous les principaux gadgets Apple (iPhone, iPad) - mais pas sur Android - où il ressemble furieusement à un navigateur internet presque classique. Sur un bon vieux PC de bureau, Axis se présente en revanche comme une simple extension qui s'intègre à la plupart des navigateurs déjà existant (Firefox, Chrome, Internet Explorer, Safari).

Que ce soit sur les iPhones ou sur une ordinateur personnel, le but de Yahoo est le même : chatouiller les pieds du moteur de recherche dominant, j'ai nommé Google. Axis sert, en effet, quasi exclusivement à explorer le web. On tape sa requête et au lieu d'avoir des liens en pagaille, les résultats se présentent sous forme de vignettes des pages et sites à visiter. Il s'agit donc d'une refonte plus graphique qu'autre chose d'un moteur de recherche traditionnel.

"C'est beau", "c'est intuitif", "ça donne envie", peut-on lire sur des sites aussi réputés dans le monde des nouvelles technologies que AllThingsDigital, TechCrunch ou encore The Verge. Mais au delà de réinventer la roue graphique, quel est l'intérêt pour Yahoo de mettre un pied et demi dans le monde déjà saturé des moteurs de recherche ?

C'estn avant tout un moyen pour exister dans l'univers en pleine expansion des smartphones. Jusqu'à présent, Yahoo n'avait fait que décliner en applications ses services web sur les téléphones portables. Axis pourrait bien devenir la vitrine de son savoir faire technologique sur mobile. 

Le pari est financièrement osé. Il n'y a pas - pour l'heure - de publicité sur Axis. Yahoo demande donc aux internautes d'utiliser ce nouveau moteur de recherche/navigateur qui ne génère pas de revenus plutôt que sa page traditionnelle où le portail internet fait tout son chiffre d'affaires grâce aux bannières publicitaires. "Si Axis gagne en popularité, Yahoo pourra toujours y insérer des vignette publicitaire", assure le site américain spécialisé dans les nouvelles technologies Cnet. En attendant et alors que Yahoo a décidé, il y a un mois, de supprimer 2000 postes pour faire des économies, dépenser dans un nouveau projet sans espoir de recette à court terme peut étonner.

Vu l'état de décomposition actuelle de Yahoo, personne ne s'attendait, en effet, qu'Axis sorte des cartons du groupe. Le portail a dernièrement surtout fait parler de lui pour les mensonges par omission sur son CV de son ex-pdg Scott Thompson. Il s'est également illustré par des luttes intestines au sein de son Conseil d'administration.

Dans ce contexte, la déferlante de presse plutôt positive pour un nouveau produit made in Yahoo doit mettre du beaume au cœur de Ross Levinsohn, le nouveau PDG, et des troupes restantes. Axis ressemble presque à un contre-feu que Yahoo aurait lancé pour détourner l'attention des médias des valises de problèmes qui collent aux baskets du portail. Car au final, un simili navigateur web ne suffit pas à faire une stratégie industrielle. Il peut être une pierre angulaire d'une nouvelle feuille de route, si et seulement si elle existait.