Google : une règle pour les unir tous
Google s'est donné beaucoup de mal depuis plus d'un mois pour répéter et expliquer que les modifications qui interviennent le 1er mars ne changent pas grand-chose. Ou plutôt que tout allait être mieux dorénavant. Une telle débauche d'énergie pour se justifier, c'est louche.
Que se passe-t-il exactement pour les plus de 300 millions d'utilisateurs des services Google ? Jusqu'à présent, chacun des sites de la galaxie Google - que ce soit Gmail, YouTube, Google+ etc. - étaient soumis à des règles différentes de confidentialité . Il y avait plus de 70 de ces fameuses conditions d'utilisation que personne ne lit vraiment. Le 25 janvier, le géant de l'Internet a annoncé qu'au 1er mars cette fragmentation allait prendre fin et qu'il allait instaurer un seul ensemble de règles qui régira tous ses produits.
Un projet de simplification louable et qui, en apparence, ne devrait rien changer pour l'internaute lambda. En fait, Google a lui-même vendu la mèche en soulignant à quel point en fait, la vie des utilisateurs de ses services allaient dorénavant être tellement mieux.
Publicité, mon amour
Car, le géant de l'Internet ne se limite pas à une simplification de ses termes de service. Il s'autorise aussi à croiser les informations qu'il recueille sur les internautes d'un site à l'autre. Ainsi, par exemple, si quelqu'un crée souvent des Google docs dans lesquels il copie des recettes de cuisine, YouTube pourra dorénavant lui proposer des vidéos culinaires. Google pouvait déjà ponctuellement faire ce genre de recoupements pour certains services, mais pas à une échelle quasi-industrielle comme il compte le faire à partir du 1er mars.
Un traçage qui peut certes rendre quelques menus services à l'utilisateur mais sert surtout à Google. Le géant de l'Internet peut ainsi vendre des publicités beaucoup plus personnalisées. Car il ne faut jamais oublier que plus de 97% des revenus du moteur de recherche proviennent de la publicité. L'offensive du nouveau PDG de Google Larry Page dans le Web social avec Google + avait comme but principal d'obtenir le plus de données personnelles possibles sur les utilisateurs des services Google. Plus les publicités sont ciblées mieux elles se vendent.
C'est pourquoi certaines autorités de protection de la vie privée comme la Cnil trouve que les avantages pour les internautes des nouvelles règles de confidentialité ne sont pas aussi évidents que cela. En effet, la commission française a regardé de plus près ces nouvelles règles et jugent qu'il est difficile de comprendre dans quel but Google utilise quelles données. Il n'est également pas aisé, toujours d'après la Cnil, de garder un contrôle sur ses données personnelles dans la nouvelle géographie googlesque. Au final, la Cnil a demandé à Google de surseoir à la mise en place de sa nouvelle règle unifiée. Une requête à laquelle Google a opposé une polie fin de non-recevoir.
Google vs Anonymous
Même si au final, Google ne fait que formaliser des pratiques que le moteur de recherche utilisait déjà largement, il n'en demeure pas moins que cela éloigne encore un peu plus le rêve de certains d'un Web anonyme où l'on peut surfer sans qu'une multinationale soit parfaitement au courant de qui on est et ce qu'on fait. La seule manière de rester en dehors de cette nouvelle toile (qui s'ajoute à celle de Facebook) est de ne pas se connecter à son compte lorsqu'on fait une recherche ou que l'on veut regarder une vidéo sur YouTube.
En fait, ces changements aux règles de confidentialité de Google sont une claque à la philosophie véhiculée par certains hacktivistes comme ceux d'Anonymous. En effet, à l'origine ils sont issus du forum 4Chan, un havre pouir ceux qui défendent le droit à l'anonymat sur le Web. Google leur rétorque que pour utiliser ses nombreux services il faut abandonner ces revendications.
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