La Vita est-elle vitale ?
Quel est l'intérêt d'acheter une console portable lorsqu'on peut jouer gratuitement à Angry Birds sur son smartphone ? Les très (trop) populaires oiseaux destructeurs qui sévissent et ravissent petits et grands sur iPhone et autres terminaux Android (de Google) sont probablement symptomatiques de tout ce qui va de travers pour les traditionnels mastodontes du jeux vidéos comme Nintendo et Sony.
Ce dernier a lancé au Japon, samedi 17 décembre, sa nouvelle merveille portable : la PS Vita. Pour le créateur de la Playstation, l'enjeu de ce pavé dans la mare vidéoludique - qui sera disponible en février 2012 en Europe - est d'enrayer sa perte de vitesse dans le monde des jeux portables. En 2009, Sony peinait déjà face à la Nintendo DS (11% des parts de marché contre 70% pour la console portable de Nintendo) mais en 2011, la présence du constructeur avait été réduit de moitié (6%).
En cause : l'explosion des ventes de smartphones et la disponibilité d'un immense catalogue de petits jeux gratuits ou presque qui suffisent à tuer l'ennui du quidam coincé dans les transports en commun. A lui seul, l'iPhone et ses hordes de jeux téléchargeables s'est écoulé à plus 130 millions d'exemplaires depuis le lancement de la première génération du gadget star d'Apple en 2007 (un peu moins que les 150 millions de Nintendo DS vendus dans le monde). Par comparaison, seulement 71 millions de PSP ont trouvé preneur depuis 2004.
Vita (triste) mine ?
Quantitativement, l'arrivée d'une nouvelle console portable de Sony n'est donc plus un événement majeur pour l'industrie du jeux vidéo. Reste que la tentative du groupe de s'opposer à ce qui semble être l'inexorable déclin des plateformes du canal "historique" (DS, PSP) est vitale à plus d'un titre. Vitale pour Sony qui était habitué avec la PS2 a règner en maître à penser du jeu vidéo et se retrouve releguée en troisième position des consoles de salon avec la PS3 (derrière la Nintendo Wii et la Xbox 360) d'après les données du site spécialisé VGcharts et qui risque de disparaître des radars des joueurs sur console portable.
Vitale également pour Nintendo qui, en octobre dernier, reconnaissait que des ventes moins fortes que prévues en 2011, notamment pour sa console portable, allait lui faire perdre de l'argent l'année prochaine. L'autre géant historique du secteur a tout intérêt à oberserver de très près comment Sony s'y prend pour essayer de redresser la barre. Il y a fort à parier qu'il sera à son tour obligé de revoir sa stratégie pour rester dans la course.
Vitale enfin pour le futur du jeu vidéo. Les Rovio (Angry Birds) et autres ne mettent pas dans le jeu vidéo les mêmes moyens financiers que les grands éditeurs traditionnels. Pourtant, ça marche. Si ces succès du low-cost (ou presque) appliqué au jeu vidéo continuent à grignoter les profits des Nintendo, Sony etc., l'ambition des acteurs du secteur sera-t-elle toujours la même ?
Pour maintenir la tête et le gamepad hors de l'eau, la PS Vita mise avant tout sur l'innovation matérielle et une plus grande intégration entre PS3 et PS Vita. L'écran tactile, les touches de contrôles suplémentaires à l'arrière de la console et la possibilité de continuer à jouer sur console portable une partie entamée sur PS3 sont les principaux atouts de cette nouvelle machine.
Autant d'arguments qui murmurent essentiellement aux oreilles des gamers avertis. Mais pour se maintenir dans la course, Sony va devoir séduire un public bien plus large. Public qui risque de ne s'arrêter qu'à un argument : le prix. La PS Vita sera vendu, en Europe, 250 euros pour la version wi-fi, et 299 euros pour la 3G, c'est à dire à un tarif similaire à celui d'une Xbox 360 ou d'une PS3.
Crédit photo : popculturegeek/Flickr
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