L'iPhone 4S ou l'iPhone 4$ ?
Déçus... Eric Sherman, le chroniqueur technologique pour Bnet (le portail économique sur le Net de la chaîne américaine CBS) évoque le plus "gros flop d'Apple depuis les années 80". Nick Farrel, spécialiste d'Apple pour le site TechEye, n'est pas plus tendre avec l'iPhone 4S dévoilée mardi. "Seul Apple peut espérer s'en tirer sans dommage après s'être aussi ouvertement moqué de ses fans", écrit-il, mercredi.
Ce ne sont que quelques exemples - certes parmi les plus virulents - de la vague de frustration qui a suivi la non-annonce d'un iPhone 5 par Tim Cook, le successeur de Steve Jobs à la tête d'Apple. La déception est, en un sens, compréhensible. La marque qui a inauguré l'ère des smartphones tactiles en 2007 avec le premier iPhone a pris 16 mois pour ne finalement sortir qu'une version améliorée de l'iPhone 4. Sous la direction de Steve Jobs, un nouveau smartphone "révolutionnaire" chassait l'autre tous les 12 mois.
Il y a certainement dans cette déception, une part de nostalgie pour l'ère du grand manitou Steve Jobs. Avec son sens du bling-bling à chaque présentation publique et son amour immodéré pour les superlatifs, il savait faire de la planète iPhone une sorte de manège enchanté où tout était merveilleux.
Les prix et les hommes
Rien de tel avec Tim Cook. Mais il ne faut pas prendre son manque de charisme (par rapport à la bête de scène qu'est Steve Jobs) pour un défaut de vision qui marquerait la fin de l'ère de l'iPhone triomphant. La présentation du nouvel iPhone par celui que le magazine américain Fortune a qualifié en 2008 de "génie des affaires" risque de faire davantage peur à Google et Rim que les précédents smartphones stars d'Apple.
Les affaires restent en effet les affaires et à l'heure actuelle, le problème numéro 1 d'Apple n'est pas un éventuel concurrent direct à son iPhone 4, qui demeure le smartphone le plus vendus aux États-Unis avec plus de 20 millions d'exemplaires écoulés. Le souci du géant de Cupertino est plutôt qu'un monde de potentiels acheteurs lui échappe et que l'armada des smartphones Android, disponibles à tous les prix ou presque, concquiert à vitesse grand V.
D'où l'annonce, hier, par Apple d'une baisse drastique des prix de l'iPhone 4 original (99 dollars) et de l'iPhone 3GS (gratiut pour tout nouvel abonnement de 24 mois). La nouvel Royce de Tim Cook & Co, le 4S, n'est en fait que la cerise sur le gâteau du jour. Cette volonté affichée d'étendre son domaine de la lutte "smartphonesque" en osant descendre de son piédestal de marque élitiste est, comme le souligne le Bits, le blog technologique du New York Times, la véritable révolution de la conférence de mardi à Cupertino.
L'erreur de la Bourse
La disponibilité dorénavant des smartphones d'Apple chez tous les opérateurs, aussi bien aux États-Unis qu'ailleurs, vient confirmer cette nouvelle stratégie. Le club iPhone n'est plus un endroit fermé pour lequel il faut un peu montrer patte blanche et en tout cas, un portefeuille mieux garni que pour d'autres téléphones.
C'est pourquoi, il est difficile de comprendre pourquoi les marchés financiers ont tellement mal réagi à la présentation du nouvel iPhone. Elle s'est en effet accompagné d'une chute de près de 3% de l'action d'Apple. Les boursicoteurs ont, en fait, fait preuve d'une esprit de "fan boy" au lieu de s'adonner à de froids calculs économiques. Ces derniers auraient probablement montré que l'iPhone 4S allait bien se vendre, que le 4 continuerait à trouver des acquéreurs et que le 3GS risquait de connaître une nouvelle jeunesse. De quoi garnir un peu plus les caisses déjà bien rempli d'Apple. Avec Tim Cook, le groupe est passé du magique "one more thing" au plus prosaïque "one more dollar".
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