Quand Microsoft ne dit rien, ça veut tout dire

Il fallait le faire, mais il y a fort à parier que les responsables de Microsoft France auraient préféré être ailleurs. Eric Boustouller, le directeur en France du géant de l'informatique, a dû exécuter un numéro d'équilibriste de haute voltige lors de la conférence annuelle de rentrée du groupe mardi.

Comment, en effet, parler de la stratégie de Microsoft pour 2012 sans :

  1. Entrer dans le détail de Windows 8, son nouveau système d'exploitation attendu à priori pour l'année prochaine ?
  2. Évoquer les premiers smartphones Nokia équipés du système d'exploitation WindowsPhone 7 (ou 7.5) qui devraient arriver sur le marché avant la fin de l'année ?
  3. Donner des précisions sur le partenariat entre Microsoft et Yahoo qui devrait être bouclé cette année ?
  4. En dire plus sur l'intégration de Skype dans l'écosystème Microsoft qui traine en longueur ?

Eric Boustouller a donc décidé de dégaîner des chiffres en pagaille espérant noyer ainsi tous ces gros poissons qui devraient rythmer l'année 2012 de Microsoft. Mais rien n'y a fait et l'impression qui s'est dégagée de cette édition 2011 de la conférence de rentrée en France de la "boite à Steve Ballmer"  est un sentiment de flottement comme si Microsoft ne maîtrisait pas pleinement son avenir.

 

Flotte incomplète

 

L'équipe dirigeante française sur scène n'a pu que s'autoféliciter de la bonne tenue du chiffre d'affaires mondial de Microsoft (+12%), de l'adoption rapide d'Office 365 ("un nouveau client toutes les 25 secondes", selon Nicolas Petit, le directeur de la division marketing et opérations) et de leurs ambitions dans le "cloud" (les services de productivité et de stockage en ligne) qui serait le truc à la mode par excellence. Microsoft, également très présent dans le jeux vidéo avec la Xbox, s'efforce en même temps de transformer lentement mais sûrement sa console de jeu en plateforme multimédia. En France, celà se traduit notamment par un partenariat très poussé avec Canal + pour proposer les programmes de la chaîne. Sans oublier non plus, le moteur de recherche Bing, lancé il y a seulement six mois en France, et qui serait déjà "le bateau amiral des services en ligne de Microsoft", explique Eric Boustouller.

 

Une belle flotille, certes, mais à laquelle il manque tout de même les vrais bâteaux de plaisances rutilants. Ceux qui attirent les regards. A quelques semaines de l'annonce par Apple de son prochain iPhone (le 15 ou le 20 octobre), cette absence de strass et de paillettes chez Microsoft déçoit.

 

Mais en fait, ce silence sur les grands dossiers ne devrait pas étonner non plus car le géant de Redmond, contrairement à Apple, n'est pas (ou plus) maître de son agenda. "Nous allons laisser Nokia dévoiler en temps voulu ces windowsphone", a ainsi lâché Marc Jalabert, directeur de la division grand public et opérateurs de Microsoft.

 

Mathusalem

 

Un aveu d'impuissance qui s'applique aussi pour Skype. Le rachat pour 8,5 milliards de dollars de ce service de téléphonie et messagerie en ligne doit encore recevoir le feu vert des autorités américaines de régulation. D'ici là, rien n'est vraiment possible.

 

Et Yahoo ? La zone de turbulence que traverse actuellement le portail internet ne facilite pas la tâche à Microsoft. Le licenciement, début septembre, de la PDG de Yahoo Carol Bartz n'a pas du faire plaisir à Steve Ballmer. C'est en effet avec elle que le patron de Microsoft avait réussi à conclure un partenariat publicitaire et de recherche sur l'Internet... qui n'est pas encore pleinement entré en vigueur. Et puisqu'il n'y a actuellement pas de véritable tête au sommet de Yahoo (juste un pdg par interim), l'accord entre les deux groupes risquent de traîner encore quelques temps.

 

Reste Windows. Microsoft a beau avoir dévoilé il y a quelques jours les premiers éléments concrets de la prochaine mouture (Windows 8) de son système d'exploitation, il n'a été question lors de la conférence parisienne que de Windows 7. Un décalage qui s'explique, dans ce dernier cas, essentiellement par un processus maison qui date de 1995, autant dire de Mathusalem dans l'univers ultra-réactif des nouvelles technologies. Microsoft s'est, en effet, donné pour règle de sortir un nouveau système d'exploitation tous les trois ans (le dernier remonte à 2009) et de ne rien dire ou presque entre temps. Un calendrier qu'il serait peut-être temps de remettre au goût du jour à l'heure ou Apple fait une ou deux annonces majeures par an, tout comme Facebook et Google.

 

Cette conférence sur la stratégie 2012 de Microsoft en France donne l'impression que le géant de l'informatique à force de vouloir continuer à exister sur tous les tableaux (téléphonie, internet, jeux vidéo, bureautique) en devient de moins en moins maître de son propre destin.

Comments or opinions expressed on this blog are those of the individual contributors only, and do not necessarily represent the views of FRANCE 24. The content on this blog is provided on an "as-is" basis. FRANCE 24 is not liable for any damages whatsoever arising out of the content or use of this blog.
0 Comments

Poster un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ ne sera pas montré publiquement.
  • Aucune balise HTML autorisée

Plus d'informations sur les options de formatage

CAPTCHA
Cette question vous est posée pour vérifier si vous êtes un humain et non un robot et ainsi prévenir le spam automatique.