Les études sont formelles. Aujourd'hui, le joueur moderne a en moyenne 34 ans et il est indifférement masculin ou féminin. L'ESA (Entertainment software association) le répète encore dans son rapport 2011 sur le secteur du jeu vidéo. Ce lobby américain du pixel organise aussi l'E3, la traditionnelle grand messe du joypad en folie à Los Angeles. Nul doute donc que ce salon reflète en tout point cet état de fait...

Que nenni. Ce grand spectacle annuel repose beaucoup sur un déballage de testostérone virtuelle et des hôtesses aux formes très avenantes bien réelles. "Shoot" et "Babes" sont les deux mamelles de l'E3 aurait dit le duc de Sully s'il avait pu tenir une manette entre les mains.

Cette année ne devrait pas déroger à cette règle cardinale. La grande bataille du cru 2011 de l'E3 se joue entre Call of Duty, le hit planétaire d'Activision et Battlefield 3, l'outsider d'Electronic Arts. Deux jeux de guerre où le meilleur ami du joueur est son arme de poing et où le crédo est "je-descend-et-discute-ensuite".

Bref un divertissement qui s'adresse principalement à un public jeune et masculin. Certes, ces jeux, qui ressemblent à des grosses productions hollywoodiennes, sont d'une efficacité diabolique et plaisent plus généralement à tous ceux qui veulent se défouler. Mais des filles... des femmes... vraiment ?

La gente féminine doit également trouver assez peu intéressant les troupeaux de jeunes demoiselles dont les déguisements sont minutieusement étudiés pour exhiber un maximum de partie du corps sans tomber dans le vulgaire (enfin parfois) ni l'interdit au moins de 18 ans.

Même Nintendo se plie à cette coutume. Le chantre du divertissement familiale amène aux côtés de Zelda et Mario des hôtesses au sourire ultra-brite et aux jupes ultra-light.

Tels sont les faits et ils contredisent les savantes études qui vendent leur joueur parfait, la trentaine passée, cadre dynamique et mère de famille.  Pourquoi ce décalage ? Les éditeurs savent bien que leur coeur de cible et ceux qui suivent de plus près l'actualité du secteur demeure des jeunes de 15 à 25 ans. Ce sont ces jeunes qu'ils doivent séduire les premiers. C'est ce public là qui fera ensuite caisse de résonnance auprès d'un public plus large.