Un nouveau renard dans le poulailler des navigateurs
Qu'est-ce que fait courir Mozilla ? Pour l'heure, la fondation est dopée à Firefox 4, la nouvelle mouture de son navigateur internet qui doit sortir le 22 mars au soir si tout se passe bien.
A plus long terme, la question demeure ouverte. Toutes les belles paroles de Tristan Nitot, le directeur de Mozilla europe, sur "être plus proche de l'utilisateur" et "veiller à ce que l'Internet reste ouvert" laisse sur sa faim le vilain journaliste, sceptique par nature. Descend-t-on vraiment comme ça dans le ring seulement armé de bonnes intentions ? Surtout quand les autres boxeurs s'appellent Microsoft, Google ou Apple, tous forts de milliards de dollars que Mozilla n'a pas.
Mais ce dont cet acteur atypique du marché dispose, c'est d'un navigateur qui s'est imposé comme le principal concurrent à Internet Explorer de Microsoft. Et Firefox 4 est attendu par les maniaques de l'add-on (la principale révolution de Firefox) et les anti-Microsoft avec impatience. Firefox 3 avait, en effet, été mis sur le marché en 2008.
4 comme HTML5
Mettons de côté la sempiternelle course à la vitesse. Si Tristan Nitot affirme que son nouveau navigateur est "entre trois et six fois plus rapide que la version précédente", c'est tant mieux. Firefox 4 permettra aussi de sauver des pages comme des "web apps", ce qui s'apparente à des onglets permanents auxquels on peut rapidement accéder.
L'important est ailleurs. Les standarts du web bougent beacoup actuellement et la combinaison HTML5 (le langage pour coder une page) et CSS3 (qui permet d'enrichir ou d'embellir ces mêmes pages) prépare les petites révolutions du web de demain. Plus besoin d'utiliser du Flash pour mettre des vidéos ou des animations sur l'Internet. Les chiffres et les lettres vont commencer à avoir une vie propre.
Les applications pratiques de toutes ces fioritues sont innombrables paraît-il. Mozilla assure être à la pointe de la compatibilité entre son navigateur et ces "nouveaux" standarts. En tout cas plus que Internet Explorer 9 car...
... L'ennemi, c'est Microsoft
Aujourd'hui, Internet Explorer - ou IE pour les intimes - n'est plus l'intouchable Béhémoth d'antan. Microsoft a beau se targuer que son nouveau IE9, sorti il y a quelques jours, a déjà été téléchargé plus de 20 millions de fois, ça ne changera pas le tableau d'ensemble. En près de 7 ans, Internet Explorer est passé de 80% de parts de marché à un peu plus de 50%.
Principal bénéficiaire de l'affaire ? Firefox qui frôle aujourd'hui les 30% de parts de marché dans le monde et revendique 400 millions d'utilisateurs. C'est beaucoup et peu à la fois. Car tant que Microsoft reste premier sur ce marché, les valeurs d'ouverture du web et de conformité aux standarts défendues Mozilla ne seront jamais majoritaires. Et comment sortir de cette situation de Poulidor du web quand, comme l'explique Tristan Nitot, Microsoft bénéficie d'un "marché asymétrique où Microsoft peut s'appuyer sur son Windows pour promouvoir IE" ?
Pour peser plus, Mozilla a donc besoin d'alliés. Coup de chance, dans cette affaire il peut compter sur Google.
Google, l'allié de circonstance
"Google partage les mêmes valeurs que nous en ce qui concerne les navigateurs internet", affirme Tristan Nitot. Chrome, Firefox, même combat ? On pourrait penser que les deux sont concurrents, d'autant plus que Chrome grignote, petit à petit des parts de marché (aujourd'hui le navigateur made in Google est à 10%) que Mozilla aurait bien aimé avoir.
Mais en fait, c'est ici le vieil adage "les ennemis de mes ennemis sont mes amis" qui prime. "Google a besoin que le navigateur utilisé soit le plus performant possible afin de promouvoir au mieux ses propres produits qui fonctionnent exclusivement sur le web", explique Tristan Nitot.
Et puis Mozilla a également à intérêt financier à être en bon terme avec Google. En effet, le géant du Web lui verse 85 millions d'euros. Grâce à quoi? A la petite boîte de recherche dans la barre d'outil de Firefox et aux publicités afférentes.
Aux États-Unis, un petit nouveau fait d'ailleurs son apparition dans cette boîte de recherche. Et pas n'importe lequel, puisqu'aux côtés de Google, c'est Bing (de Microsoft) qui sera proposé. "Un partenariat", explique Tristan Nitot sans plus de précision.
Ciel, mon mobile
Google & Mozilla vont aussi bientôt se retrouver dans l'univers mobiles. A l'heure actuelle, dans un monde où tout le monde ne jure plus que par l'iPhone (et l'iPad) et autres smartphones (et tablettes tactiles), Firefox n'existe toujours pas.
"Nous visons une sortie quasiment simultanée des deux versions (PC et smartphone) de Firefox 4", assure Tristan Nitot. Mozilla est-il en retard sur ce marché ? Son directeur europe ne le pense pas (voir vidéo).
Reste que Firefox 4 ne sera disponible que sur les terminaux Android (de Google). L'iPhone est exclu - "à cause de la politique d'Apple - et les autres plateformes patienteront. L'avantage est que la version mobile synchronisera automatiquement les favoris de son homologue sur PC, le désavantage est qu'elle ne supportera pas Flash au lancement.
Les deux ans d'attente auront-elle valu le coup ? Si la réponse est entre les mains de l'utilisateur, Mozilla ne compte pas patienter aussi longtemps pour la suite. "Nous espérons arriver à Firefox 7 avant la fin 2011", affirme Tristan Nitot. Au menu, la fondation veut offrir la possibilité à chacun de créer son "app store" sous Firefox. "Mais contrairement aux autres, on veut qu'il reste ouvert", espère le représentant de Mozilla. Un app store ouvert ? Une belle promesse face à la forteresse Apple.
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