Jeux vidéo : 22 v'la les flics

"Mais qu'est-ce qui se passe ?". Hubert Skrzypek, alias Bibix, doit interrompre, ce mardi 10 février, sa partie de "DayZ", un jeu de survie infesté de zombies auxquels il faut échapper. Des vrais policiers viennent de faire irruption à son domicile. N'importe quel internaute peut suivre la scène puisque le joueur diffusait en direct sa partie sur la plateforme Twitch.

Il doit se mettre à genoux, mains sur la tête et les forces de l'ordre lui passent les menottes, tandis que sa femme semble très mal prendre l'incident. Hubert Skrzypek tente d'expliquer qu'il n'a pas appelé la police et qu'il s'est fait "swatter". Il vient, en effet, d'être le premier "gamer" français à faire les frais de cette pratique douteuse venue des États-Unis.



"Swatter" est un terme dérivé de "Swat" qui désigne l'équivalent aux États-Unis du GIGN. La "blague" consiste à appeler la police sous un faux prétexte pour qu'elle intervienne chez quelqu'un. Elle est ancienne, le FBI mettait déjà en garde contre le "Swatting" en 2008, mais fait de plus en plus de ravage dans le milieu des joueurs de jeux vidéo avec la popularité grandissante de la plateforme de diffusion des sessions de jeux vidéo "Twitch".

Tel un pyromane qui se délecte de regarder l'incendie qu'il a déclenché, l'auteur du "swatting" peut, grâce à "Twitch", suivre en direct la descente de police et observer la réaction de sa victime. Pour réussir sa blague au goût plus que douteux, il doit dégoter quelques menus détails personnels sur sa victime (adresse, nom etc.) afin de convaincre la police de l'urgence d'intervenir. Mais à l'heure des réseaux sociaux triomphants, une telle recherche ne relève certainement pas de l'exploit.

Des "blagues" qui peuvent coûter cher

Le petit plaisir solitaire du "swatteur" aigri - car il s'agit souvent de joueurs qui veulent se venger pour une raison ou une autre de leur victime - peut avoir des effets dévastateurs. En août dernier, une équipe du Swat a fait boucler un quartier entier de Littleton, une ville au Colorado. La police avait été convaincue qu'une personne à la gâchette facile avait posé des bombes dans le voisinage. En fait, la victime du canular participait à une partie de "Counter Strike : Global Offensive", un jeu de tir coopératif dans lequel une équipe de "soldats" affronte des "terroristes".



Un vétéran de l'armée américaine de l'air s'est, quant à lui, effondré en direct après avoir été victime d'un "swatting", début février 2015. Joshua Peters, 27 ans, n'a pas supporté de voir des policiers surarmés "pointer leur arme en direction de [son] petit frère" et forcer toute sa famille à s'allonger sur le sol en leur criant dessus. En larmes après l'incident, il a demandé aux internautes de laisser sa famille tranquille. Joshua Peters collabore actuellement avec le FBI pour retrouver le ou les auteurs de cette face tragique.

Car, ces "canulars" ne font pas du tout rire les autorités américaines. Le 6 février 2015, le FBI a arrêté Brandon Wilson, alias "FamedGod", soupçonné d'être un "swatter". Il est accusé d'avoir fait déplacer une équipe entière du Swat après avoir prétendu qu'un meurtre était en train d'avoir lieu au domicile d'un autre "gamer". Il risque jusqu'à cinq ans de prison s'il est reconnu coupable, ont annoncé les autorités.

Un projet de loi traine depuis deux ans dans les cartons législatifs californiens pour aller encore plus loin. Ce texte permettrait à la justice de condamner le "swatter", outre l'éventuelle peine de prison, à rembourser le coût d'une opération du Swat qui peut s'élever à 100 000 dollars.
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